Tout d’abord, la supervision aide le praticien supervisé à vérifier un certain nombre de repères: la capacité créative, à confronter, à différencier, à interroger les évidences, les représentations, à déconstruire les hypothèses trop évidentes, à repérer les figures signifiantes et aider à faire des choix parmi elles, à vérifier la qualité des interventions et/ou des dévoilements, au regard de l’intention préalable, à identifier, décrire et expliciter les façons d’être affecté(e), à identifier le plus possible les évitements relationnels, en évitant les tensions, en s’identifiant sans recul, etc.
La supervision individuelle est la plus souvent pratiquée ici d’un point de vue phénoménologique. Ceci est possible dès que le supervisé dispose d’une formation théorique et clinique lui permettant de comprendre la posture et le questionnement opérés à son égard par le superviseur.Pour apporter quelques éléments de compréhension, il est bon de garder en mémoire que la phénoménologie ne considère pas que le patient, son thérapeute, et pas plus que le superviseur, existent en tant que tel dans un préalable existentiel prédéfini. En gestalt phénoménologique, nous ne considérons pas que le patient ni le thérapeute ne sont préalablement existentiellement constitués et opérationnels.
C’est en s’appuyant sur les aspects de la théorie gestaltiste (théorie du self et perspective de champs), que la rencontre entre deux humains, dans un cadre clinique et déontologique donné, va permettre au patient,puis au thérapeute et ensuite au superviseur, de considérer la rencontre comme une opportunité de co-advenir à la présence, et de porter l’attention sur le « comment l’un et l’autre adviennent à l’existence d’un sujet, puis d’un autre sujet, etc.. Nous parlons ici, de « venue en présence », perspective issue des travaux du philosophe Martin Heidegger, lui-même élève de Edmund Husserl. Cette école de philosophie s’évertue à montrer qu’un phénomène n’existe que si il y a une conscience pour le percevoir. Heidegger et plus tard les gestalt-thérapeutes d’obédience phénoménologique considèreront que l’analytique existential (il n’y a pas de faute d’orthographe à ce mot) permet aux phénomènes subjectifs d’être explicités, dépliées suffisamment loin, pour qu’eux-même apportent la signification qui advient naturellement.
En clair, en Gestalt phénoménologique, aucune subjectivité n’est considérée comme préétablie. Les présupposés seront dépliés et explicités. Cette analytique existential appropriée permettra l’advenue de la présence, l’advenue EN présence, du patient, du thérapeute et du superviseur. Ce sera donc les modalités de ces advenues qui structureront l’acte clinique et la supervision.
Cette advenue de deux êtres en présence et en dialogue, patient-thérapeute, et aussi thérapeute-superviseur, est au final l’opportunité pour le patient de mettre en oeuvre sa venue en présence, sa venue au monde, et sa nouvelle capacité-possibilité d’exister.
Il existe bien des modalités de mise en œuvre de la supervision.
Les formations de superviseur se concentrent et forment le futur superviseur vers une pratique des séances centrées sur le client, sur le praticien lui-même, sur les concepts et les théories, sur l’espace clinique, le dispositif de travail, le cadre et aussi la situation thérapeutique.
La supervision réunit un ensemble de processus dynamiques relationnels s’appuyant sur un tiers extérieur neutre, ayant beaucoup élaboré ses propres jugements, ses réactions et représentations, son fond émotionnel ainsi que son histoire personnelle, inter générationnelle et transgénérationnelle, ses propres contre-transferts ainsi que les transferts latéraux sur lui-même.
Cet ensemble de processus dynamiques à l’œuvre dans un dispositif précis, fait appel à l’intersubjectivité, et au travers d’un ensemble de paroles conscientes et toujours mieux ancrées, approche les questions essentielles transféro-contre-transférentielles, ainsi que la question centrale de toute pratique bien menée qui doit être indispensablement soutenue fermement à l’intérieur d’un cadre bien pensé, bien conscient, actif et souple à la fois.
Avec comme objectifs la structuration de nos postures humanistes, l’amélioration et la poursuite permanente des apprentissages, la sauvegarde de la filiation professionnelle, puis la nécessité et le plaisir de la transmission et du partage, la supervision est une relation égalitaire entre deux pairs, l’un étant plus expérimenté que l’autre. Cette relation soutenue par un cadre précis et une éthique exigeante, installe finalement et au fil du temps, une collaboration étroite teintée d’une confiance importante et complexe.
Différents modes et expériences se tissent et se relient dans la structure même de la supervision, ainsi que dans son déroulé.
En Gestalt nous pouvons imaginer PHG, F. Perls, Ralph F. Hefferline et P. Goodman, puis les premiers français, ceux de la première vague (la deuxième en Europe après l’Allemagne) S. Ginger, JM. Robine et JM. Delacroix par exemple, mais pas seulement.
Dans la relation à son patient, il est entendu que les deux personnes (thérapeute et patient) sont « normalement et originairement » blessés, avec une avancée quant à l’exploration et le retour à un certain équilibre du côté thérapeute qui est sensé l’être moins (blessé) de par sa psychothérapie bien plus avancée. Ledit thérapeute ne peut accompagner son patient bien plus loin en termes d’amélioration de sa relation aux autres et au monde, qu’il ne s’est amélioré lui-même grâce à son long cheminement psychothérapeutique. D’autre part, et au fur et à mesure des séances de supervision, le supervisé continuera l’exploration de sa propre structure de personnalité de par l’exploration de ses contre-transferts mis à jour en séance.
Pointe directement les constructions, les explorations, et les élaborations que superviseur et supervisé tissent ensemble. Ce mode de supervision s’appuie sur une certaine asymétrie de savoir entre superviseur et supervisé. Le rôle du superviseur est principalement le questionnement qui permet et donne une chance au supervisé de trouver lui-même les réponses dont il a besoin pour poursuivre les psychothérapies qu’il est en train d’accompagner. Le superviseur, tout comme le gestalt-thérapeute en séance, peut aussi utiliser « le dévoilement du superviseur », qui n’est pas un dévoilement de sa vie personnelle, mais de l’expérience qu’il est en train de faire à l’énoncé du cas rapporté par le superviseur.
Puis, le superviseur peut enfin apporter les éléments théoriques nécessaires à la progression de l’exploration, les rappels déontologiques, la réflexion et le questionnement éthique, et enfin un véritable savoir-faire clinique dont le supervisé peut bénéficier.
Ici commence le voyage de la connaissance de soi, bien au-delà de ce que l’on sait déjà de soi…
Richard Jimenez Moreno
➝ Les séances de supervision pédagogique individuelles ont lieu en présentiel en Drôme (26 – Valence) et dans la Loire (42 – à Chazelles-sur-Lavieu, proche Saint-Étienne, Montbrison, etc).
➝ Les séances de supervision pédagogique individuelles sont également accessibles partout en France en visio.
➝ Tarif : 70 € pour 60 min de supervision.
La supervision renforce votre conscience réflexive, fluidifie votre pensée et vous aide à sortir des impasses cliniques. Elle rend vos savoirs théoriques opérationnels, soutient une posture éthique et favorise un accompagnement altruiste. En vous offrant un espace sécurisant, elle vous permet de grandir professionnellement tout en prenant soin de votre hygiène mentale. Découvrez les impacts concrets pour vous et vos patients.